Nous ne levons pas le camp très tôt ce matin, mais ce sera encore sous un ciel chargé et pluvieux. Nous prenons la direction du Geiranger Fjord, le plus touristique de tous. Il ne nous faut pas longtemps avant de prendre notre premier bac, plus vétuste cette fois-ci, et pas un électrique. On sent vite la différence, tant en terme d’odeur que de vibrations. Nous papotons quelques minutes avec un couple de motards, partis depuis 5 semaines sur les routes de Norvège, ils redescendaient du Cap Nord, où c’était la canicule (si si c’était bien leurs termes).
La route que nous empruntons ensuite jusqu’au village de Geiranger est sinueuse à souhaits, digne des nos plus belles routes de montagne. Nous arrivons à Geiranger presque par les voies aériennes, le village est encaissé au fond du Fjord. Nous ne prenons pas le temps de visiter le village au vue du temps et sautons aussitôt dans un nouveau bac direction Hellesylt. La petit voyage nous coûte une centaine d’euros et nous embarquons avec un car de chinois, ça ne commençais pas très bien. Après une vingtaine de minutes, les premières chutes d’eau se dévoilent de part et d’autres du Fjord. Il est impossible de se rendre compte de la dimension du décor, sauf quand parfois, un autre élément vient s’y greffer. Le petit canoë orange se devine à peine au bas de la montagne et le yacht de plusieurs dizaines de mètre apparaît tel une coq de noix.
L’apogée de notre traversée est la chute des sept soeurs (Seven sisters waterfall), je n’ai plus de mots pour vous la décrire : majestueuse, grandiose, vertigineuse. Et pourtant, les instants passés sur le pont, se passent dans un vent glaçant sous une pluie de neige fondue, mais rien n’aurait pu gâché notre plaisir à cet instant.

Nous finissons le voyage en discutant avec un jeune couple de français charmants. Cela fait plusieurs mois qu’ils sont partis découvrir l’Europe en vanlife, en commençant par l’Italie. C’est toujours un plaisir d’échanger avec d’autres voyageurs 😉

Notre arrivée à Hellesylt ne peut se passer sans un nouvel arrêt, devant une chute d’eau au débit impressionnant, on aurais cru le fleuve amazone, en beaucoup plus frais 😉 Nous poursuivons ensuite vers la route des Trolls (Trollstigen). Notre ascension nous amène sur amène sur un haut plateau, presque dans un autre monde, la végétation n’est plus la même, tout est au ras du sol, il n’y a plus aucun arbre, et la température a encore baissé. Les décors sont différents mais tout aussi grandioses. Nous prenons le temps de nous arrêter piétiner un peu de neige, les enfants sont aux anges. Nous rencontrons même des moutons, semblant bien habitués à quémander de la nourriture auprès des automobilistes.

C’est ensuite l’arrivée au sommet de la Trollstigen. Une nouvelle fois, tout est absolument démesuré. Le haut plateau au doux relief que nous venions de parcourir, se transforme en un gouffre monumental du haut duquel vient se jeter une chute d’eau vertigineuse. Au milieu de ce décor, l’homme y a créé une route, tellement sinueuse et alambiquée qu’elle ne pouvait porter le nom d’ autres personnages que ceux des Trolls malicieux. La descente de cette route a été pour moi un calvaire, tant le vide est présent partout.

Ce fut encore une fois, une journée riche en émotions et en découvertes. Je remarque que je ressens les même sentiments qu’il y a 17 ans. On pense atteindre pendant notre voyage, l’apogée, le meilleur moment, on se dit : « C’est bon, le voyage peut s’arrêter là. » Mais non, la Norvège vous en donne encore, plus grand, plus beau.

Ce soir, nous choisissons le confort en investissant une petite hutte chauffée. Ce sont les petites cabanes norvégiennes que l’on trouve dans les camping, elles n’ont ni eau ni sanitaire, mais sont chauffées et offrent de quoi cuisiner et dormir. C’est bien réconfortant après cette journée humide.

Nous croisons les doigts pour voir le soleil demain, objectif route de l’Atlantique !!!